Chronologie

L’origine précise de la construction du Château de Combret n’est pas documentée mais certains critères importants prévalent pour expliquer la construction d’un château à cet endroit ▶️ Combret est bâti en hauteur sur le rocher, en visibilité directe du Château de Beaucaire situé à 1000m à vol d’oiseau ; les deux châteaux verrouillaient ainsi « les deux eaux » c’est-à-dire la confluence du Créneau et du Dourdou-de-Conques, rivières propices à la circulation des bandes armées. Par ailleurs de nombreuses résurgences sourdent aux alentours du château comme sur l’ensemble de la colline de Combret.

🟥 XIIIème siècle / 👑 5 rois sur le trône de France de Philippe II Auguste à Philippe IV Le Bel

🗓️ 1289 ▶️ première mention de Combret qui est alors une co-seigneurie aux mains de Gibelin de Panat, Hugues d’Arjac et Gui de Sévérac

🏰 Construction du donjon [25m], d’une seconde tour [au niveau de l’actuel escalier rampe sur rampe comme le révèlent les vestiges de chainage au niveau deux] aménagée avec notamment une grande cheminée, subsistante, au niveau trois c’est-à-dire dans l’actuel comble, d’un logis bas à l’Ouest, d’une enceinte au Nord à l’aplomb des actuels garde-corps à balustres. Vestiges d’une arche romane⭐️ sur le donjon et d’une baie géminée⭐️ en plein cintre sur le logis.

🏰 Le logis est aménagé avec une grande cheminée dans l’actuel Grand Salon ▶️ on trouve, à environ 2m du sol, des vestiges de moulures en nez de cochon [XIIIème ou XIVème] dans l’avaloir de l’actuelle cheminée. Des échauguettes sont construites avec une base en cul de lampe qui seront rapidement renforcées par une maçonnerie pour en assurer le soutènement et la stabilité. Il est probable qu’ait existé un bâtiment en fond de cour [ferme ?] comme une enceinte au Nord via laquelle se fait l’accès au Château et, partant, possiblement un poste de garde sur le chemin d’accès.

📖 Echauguette = dans un château fort ou une fortification, une échauguette est une petite pièce carrée, polygonale ou cylindrique, le plus souvent construite en encorbellement et dotée de mâchicoulis et de meurtrières, destinée à abriter un guetteur et à lui permettre d’avoir un champ de vision complet sur le secteur

🏰 L’actuelle église du village est alors la chapelle du château

❌ Il n’y a ni terrasse, ni potager, ni de dépendance dans sa forme actuelle et la pente naturelle du terrain prévaut ▶️ côté vallon la hauteur relative du donjon est donc de 30m.

🟧 XIVème siècle / 👑 8 rois sur le trône de France de Philippe IV Le Bel à Charles VI

🗓 Début de la Guerre de Cent ans [1337 > 1453]

🟨 XVème siècle / 👑 5 rois sur le trône de France de Charles VI à Louis XII

🏰 On peut affirmer que de cette période date la probable érection d’un poste de garde sur le chemin d’accès au Nord ▶️ on trouve en effet les vestiges [aujourd’hui souterrains] d’une porte XVème ⭐️ en entrée de l’actuel ex-chais.

🏰 On procède au renforcement défensif lors de l’avènement des armes à feu [au XIVème siècle] ▶️ ainsi naissent l’arquebusière et la couleuvrinière. On retrouve ces bouches à feu ⭐️ sur chacune des échauguettes pour flanquer les murs du château.

🟩 XVIème siècle / 👑 7 rois sur le trône de France de Louis XII à Henri IV

🗓 Renaissance française [1495 > début du XVIIème siècle)

🗓️ Guerres de Religion [1562-1598]

🗓️ 1565 Achat de Combret par Hugues de Caulet

🏰 Cette période marque le passage formel d’une bâtisse à usage strictement militaire vers un château désormais dédié à l’apparat ; des modifications lourdes sont réalisées. Les planchers cèdent la place à des voutes en partie basse, on ouvre des croisées sur le logis et des demi-croisées sur le donjon, on crée un escalier en vis – ascendant dans le sens trigonométrique donc dépourvu d’aptitude défensive, et on complète cet escalier en érigeant une façade au Sud dans l’alignement de celle du donjon, elle même percée de demi-croisées ▶️ les croisées et demi-croisées les plus basses sont protégées par des grilles forgées telles que celle qui subsiste encore au bas du donjon.

📖 Croisée = fenêtre comportant une croix latine formée par une traverse et un montant (appelé meneau)


🟦 XVIIème siècle / 👑 3 rois sur le trône de France de Henri IV à Louis XIV

🗓️ 1611 Hugues II de Caulet hérite de Combret mais vers 1620, ruiné, ses biens sont saisis

🗓️ 1641 Jean de Tullier, bailli de Rodez et trésorier général des finances de Montauban et son épouse Madeleine de Maynard, achètent Combret

🏰 Ils poursuivent l’embellissement du château ; ils déconstruisent l’enceinte au Nord, puis aménagement une terrasse avec garde-corps à balustres⭐️ et remblaient le terrain pour créer un jardin ▶️ les armoiries de Jean de Tullier et de Madeleine de Maynard figurent sur les pilastres de part et d’autre de l’escalier donnant accès au jardin. On remarque à nouveau dans le mur droit de l’aération Ouest des caves, sous la terrasse, les vestiges de moulures en nez de cochon [XIIIème ou XIVème] provenant d’une ancienne cheminée.

🏰 C’est probablement de manière concomitante qu’est réalisé l’agrandissement du poste de garde pour créer l’actuelle dépendance ⭐️ [cave voutée, écurie, sellerie, fenière]. Il en résulte l’enfouissement d’une pièce préalablement ouverte [porte XVème]. On note la présence d’un puit dans la salle voutée et d’une capalière devant la porte de la cave.

🏰 A l’intérieur du château des modifications sont possiblement apportées à la « seconde tour » sans que l’on puisse formellement en caractériser l’ampleur ni la date exacte ; factuellement les marches de l’escalier rampe sur rampe ⭐️ comportent des traces de taillant en partie inférieure – outil utilisé au XVIIème siècle – mais certaines sont également bouchardées donc retravaillées en seconde moitié du XIXème siècle. L’interrogation peut demeurer quant à savoir si ces marches ont été mises en place au XVIIème [hypothèse la plus probable] ou s’il s’agit d’un réemploi au XIXème à partir d’éléments prélevés ailleurs.

📖 Taillant = outil à percussion du tailleur de pierre. C’est une sorte de hache à percussion directe sur la pierre constitué de deux tranchants droits et parallèles au manche. Il est aussi appelé « marteau taillant » ou « laie » (« laye »)

📖 Boucharde = marteau à tête découpée en « pointe-de-diamant » avec lequel le tailleur de pierre achève de tailler les pierres dures dégrossies au ciseau

🟪 XVIIIème siècle / 👑 3 rois sur le trône de France de Louis XIV à Louis XVI puis Révolution et République

🗓️ 1757 ou 1758 Bernard de Coignac [1717- …] acquiert Combret

🗓️ 1779 Jean-Hilarion de Viguier de Grun [1722-1809], Gouverneur des Pages à la Grande Écurie du Roi [1763-1775], s’en rend propriétaire.

🏰 La chronologie exacte des constructions/ modifications réalisées sur le château durant ce XVIIIème siècle est incertaine mais la « lecture » des pierres de la façade intérieure [côté « cour d’honneur »] donne quelques détails qui peuvent orienter l’analyse :

1️⃣ On peut noter que les fenêtres du deuxième étage disposent de feuillures mais ne sont pas bouchardées ; on peut ainsi considerer que ces ouvertures ont été pratiquées à partir du XVIIIème siècle [apparition des feuillures] mais avant le milieu du XIXème siècle [apparition de la boucharde].

📖 Feuillure = entaille pratiquée le plus ordinairement à moitié de l’épaisseur d’un dormant de fenêtre ou d’une dalle, destinée à recevoir une partie de menuiserie mobile ou fixe, un vitrage ou un platelage

2️⃣ Les meneaux et traverses des croisées de l’ancien salon [aile Sud] et de l’actuel [aile Nord] sont bouchardées indiquant ainsi qu’elles ont été [ré]installées dans la seconde moitié du XIXème siècle période à laquelle cet outil s’est répandu.

3️⃣ Les appuis, jambages, et linteaux de ces mêmes croisées ont été buchés [avant restauration] afin que ne subsiste aucune moulure hors du strict plan des façades.

➡️ On a ici de manière quasi certaine la trace des modifications apportées à partir de 1798 dans nombre de maisons et a fortiori de châteaux pour éviter ou à tout le moins amoindrir l’impôt « sur les fenêtres » décidé alors par le Directoire [loi du 4 Frimaire an VII] qui a conduit à obstruer de nombreuses fenêtres ▶️ ici probablement avec des volets.

🏰 De manière empirique on peut faire l’hypothèse que c’est sur cette même période que le logis a été surélevé à son niveau actuel et que la seconde tour a été arasée ▶️ marques de « coups de sabre » de part et d’autre du grand escalier et trace visible d’une chaîne d’angle ancienne. Par voie de conséquence, la toiture a probablement été créée à cette même époque dans la configuration actuelle.

La chronologie la plus probable semble donc être la suivante :

– Arasement de la seconde tour

– Surélévation du corps de logis au même niveau

– Ouverture des fenêtres du deuxième étage

– Et, à la Révolution, bûchage des appuis, jambages et linteaux, retrait des meneaux et traverses, retrait des grilles lorsqu’elles existent, mise en place de volets extérieurs

🟫 XIXème siècle

🏰 Combret est vendu comme bien d’émigrés le 16 vendémiaire an II [7 octobre 1793] pour 11 000 livres après que Louis-Charles-Eugène de VIGUIER de GRUN, fils de Jean-Hilarion, a été tué dans l’Armée des Princes ; la somme n’ayant pas été payée, la vente est annulée et la propriété est restituée à la famille.

🏰 Victoire de BOISSIÈRE [1775-1846], mariée à 15 ans en plein tumulte révolutionnaire, mère à 16 ans, veuve à 18 et sa fille Henriette de VIGUIER de GRUN [1791-1881], fille de Louis-Charles-Eugène vont être les artisanes du développement de Combret. En sus des activités agricoles préexistantes, Victoire et Henriette profitent de l’intérêt pour la soie, plantent des mûriers et font construire une magnanerie ⭐️ ; cette activité sera néanmoins rapidement abandonnée comme dans de nombreuses exploitations – notamment dans les Cévennes – après l’apparition de maladies et l’effondrement de rentabilité de l’activité.

📖 Magnanerie = lieu d’exploitation de sériciculture traditionnelle, c’est-à-dire l’élevage du ver à soie (de l’occitan magnan, qui désigne le ver à soie du bombyx du mûrier)

🗓️ 1810 Henriette de VIGUIER de GRUN unique héritière du Château de Combret l’apporte par mariage en 1810 à la famille d’YZARN-FREISSINET-VALADY.

🗓 1860 Ildefonse d’YZARN de FREISSINET de VALADY [1828-1876] et son épouse Jeanne de BONY de LAVERGNE [1843-1870] vont faire réhausser les échauguettes qui étaient jusqu’alors couvertes par un petit toit dans le prolongement de la toiture principale comme en atteste un dessin de Jeanne de BONY ⭐️ réalisé probablement vers 1863.

🗓️ 1889 Christian d’YZARN de FREISSINET de VALADY [1868-1935], orphelin de père et mère à 8 ans, hérite du château de sa grand-mère Henriette de VIGUIER de GRUN à 13 ans en 1881 et, à sa majorité en 1889, restructure l’organisation interne de la maison ▶️ la salle est installée au niveau bas en lieu et place du chais, déplacé sous la dépendance, et deux salons sont installés dans l’aile Nord en lieu et place de la salle et de l’ex-chambre de ladite grand-mère. L’aile Sud est transformée pour créer deux chambres dont l’une, sourde, nécessite l’ouverture d’une fenêtre ▶️ une demi croisée est créée et, par symétrie, une seconde dans le grand salon.

L’escalier en vis est modifié ▶️ le mur Sud de la « cage » d’escalier ainsi que la vis elle-même sont supprimées sur plus d’un niveau pour laisser place à un escalier en bois probablement jugé plus élégant ; les charges du mur et de la vis sont reprises respectivement par deux arcs mais ces modifications ont induit un tassement de la vis et un désaxage complet de l’escalier en partie supérieure [marches 65 à 97] . Le traitement des désordres induits par cette modification majeure est au coeur du programme de restauration initié en 2024. Une surveillance par jauges SAUGNAC connectées a été mise en place en 2025.

L’escalier rampe sur rampe est enduit et agrémenté des chiffres « Y » et « F », initiales respectives de Christian d’YZARN-FREISSINET et de son épouse Eugénie de FOUCAUD et d’AURE, et les croisées sont ornées de vitraux aux armes des deux familles et des familles alliées.

Combret est alors dans l’état « définitif » qui prévaut encore aujourd’hui.

Le château a été inscrit aux Monuments historiques le 14 décembre 2021.